Certains se sont réjouis lorsque le gouvernement a imposé l’utilisation obligatoire des pneus d’hiver au Québec à l’automne 2008. Moi, ça m’a mis en beau fusil.
Pourquoi se donner la peine d’adopter une loi alors que les conducteurs québécois étaient déjà, de très loin, ceux qui installaient le plus souvent des pneus d’hiver sur leur véhicule dans ce vaste pays? Neuf années plus tard, je ne connais toujours pas la réponse à cette question.
C’était pourtant tellement bien parti. Sans grande campagne de publicité, sans coup d’éclat, le mot s’était passé, de père en fille, de belle-sœur à beau-frère, de voisin à voisine. Parce les conducteurs québécois avaient déjà compris que c’est la meilleure façon de traverser leur hiver sans pelleter ou pousser pour s’extraire d’un banc de neige, sans craindre de passer tout droit à chaque arrêt et surtout, en risquant beaucoup moins une sortie de route en pleine tempête. Ou pire.
Les Québécois étaient déjà les plus nombreux au pays à installer quatre pneus d’hiver sur leur voiture ou leur fourgonnette. On parle d’une proportion de 90 %, peut-être plus, alors que même aujourd’hui, ce chiffre ne dépasse toujours pas 80 % ailleurs au pays, même dans les Maritimes. La moyenne nationale actuelle serait de 68 %, rehaussée nettement par les 97 % du Québec.
Déjà les champions au pays
Si les collisions ont diminué d’environ 5 % en un an, après la mise en application de la loi en 2008, le mérite n’en revenait pas nécessairement aux pneus d’hiver plus nombreux. On peut toutefois la blâmer pour le nombre toujours trop élevé d’automobilistes qui roulent maintenant à longueur d’année sur des pneus d’hiver. Quelles que soient leurs raisons ou leurs excuses. Ce qui n’est pas interdit, hélas, contrairement à l’utilisation de pneus à crampons qu’on permet seulement du 1er octobre au 30 mai.
Cette pratique n’est pas seulement illogique, puisque les pneus d’hiver se dégradent et s’usent beaucoup plus vite lorsque la température grimpe, elle est carrément dangereuse. Les distances sont par exemple plus grandes en freinage d’urgence, parce que l’adhérence d’un pneu d’hiver est nettement plus faible qu’avec un bon pneu d’été sur l’asphalte, sec ou mouillé. Même problème pour les manœuvres d’évitement ou les virages.
Ce n’est pas compliqué, le comportement d’un véhicule monté sur des pneus d’hiver le reste de l’année se compare à celui d’une personne en état d’ébriété: mou, flou et pas fiable. Et celle-là, ni la loi, ni la culture ne la tolère sur les routes du Québec moderne.
Le seul bon côté
Cette loi superflue aura au moins eu l’heureuse conséquence de forcer finalement les propriétaires de camionnettes et utilitaires sport de toutes les tailles à installer de vrais pneus d’hiver, malgré les grosses rainures qu’ont souvent les pneus de série de leur véhicule. Après les années de grâce et l’exception accordées aux pneus LT et semblables jusqu’en 2014. Parce que c’est la gomme des pneus d’hiver, qui reste souple et mordante jusqu’à -40 degrés, qui les rend indispensables. Même si ça coûte plus cher.
Ce sont d’ailleurs ces mêmes utilitaires, plus lourds et plus hauts que les voitures, qui en ont le plus besoin. Surtout s’ils ont quatre roues motrices pour leur permettre d’accélérer plus fort sur la neige et d’avoir ainsi plus de vitesse à effacer ou à contrôler avec des pneus adhérents, question de freiner au feu rouge juste devant ou de prendre la prochaine courbe.
Faites donc comme si vous n’étiez toujours pas obligé. Installez ou faites installer les meilleurs pneus d’hiver que vous pouvez trouver sur votre véhicule. Assez tôt pour ne pas être surpris par la première bordée. Et prenez soin de les remplacer avant qu’ils soient usés. Bien avant la limite légale des 2/32e de pouce de profondeur. Les experts recommandent 6/32e de pouce pour une bonne adhérence en toute situation.
Ce sera toujours votre meilleur investissement de l’année, sans exception aucune.